ARTICLE PROVENANT DE LA COLLECTION ANDRE CRABOS +
Auteur et revue inconnus
n° 496
BRÈTHES Roger
1 sélection
Saint-Sever, 31 janvier 1936
Enfant à Saint-Sever, Roger Brèthes
fréquente l’école communale avec un certain Michel Crauste1.
Le dimanche, il joue au football où il manifeste de réelles qualités. Mais
lorsque le club met la clef sous la porte, toute l’équipe se tourne vers le
rugby au sein du Sport Athlétique Saint-Séverin, le SASS.
Dès son premier match en juniors contre les verts de Peyrehorade, il va
faire étalage de ses qualités de buteur. En totale opposition avec les plus
grands spécialistes de l’époque2, il pose
le ballon verticalement sur un tas de terre et le frappe à la manière des
footballeurs après une petite course d’élan en arc de cercle, une technique qui
ne se généralisera que des décennies plus tard.
Son premier match en première, ce sera encore contre Peyrehorade. Ce
jour-là, la première des Noirs et Blancs doit se rendre à Orthez pour
rencontrer les riverains des Gaves réunis, pour le compte de la Coupe Roxas.
Mais Roger Brèthes qui n’est âgé que de 18 ans, a été privé de rugby par ses
parents. Alors que le bus des joueurs, garé sous ses fenêtres, s’apprête à
démarrer, il s’échappe de la maison et rejoint ses coéquipiers. Quelques heures
plus tard, avec trois pénalités et un drop réussis, il participe pour beaucoup
à la victoire. Mais à son retour à la maison, après les chants, ce sera une
autre « chanson » pour le héros de l’après-midi.
À partir de la saison 1954-1955, Roger Brèthes va être le numéro 15 et
buteur attitré du SASS pour une quinzaine d’années. En 1956, il va accomplir
son service militaire et partir pour l’Algérie. Au printemps de 1957, il
obtient une permission de quinze jours qu’il vient passer à Saint-Sever. Lors
de son séjour, il est promu titulaire pour affronter le CASG de Paris, à
Poitiers, pour la montée en Nationale1.
Sans entraînement, Roger Brèthes va sauver son équipe. Au cours des
prolongations alors que le sore est toujours de parité, il s’adresse à ses
avants :
--- Camouflez-moi ! et je
vous mets 3 points !
Quelques instants plus tard, sur
un renvoi parisien aux 22 mètres, les « gros » forment un écran et
Brèthes claque le drop envoyant du même coup les Noirs et Blancs au
paradis !
La semaine suivante, c’est Brive en demi-finale mais Brèthes doit
prendre le bateau pour l’Algérie, le samedi. Alors, un dirigeant décide de lui
payer l’avion qui l’emmènera, le lundi, de l’autre côté de la Méditerranée. Le
match a lieu à Marmande contre le CA Brive conduit par Amédée Domenech2 qui va passer son après-midi à
« arbitrer » comme lors du tournant du match qui va priver le SASS de
la victoire. Sur un très long coup de pied de Brèthes, le ballon arrive dans
l’en-but briviste. L’ailier chalossais Jo Laboursan distance son adversaire
direct et aplatit sans s’arrêter. Deux secondes plus tard, le Briviste se jette
sur le ballon … l’arbitre officiel3
n’accorde pas l’essai !!! … et le SASS sera privé de finale mais
remportera quand même le Challenge de l’Espérance.
À partir de la saison suivante, s’appuyant sur des avants vaillants et
des trois-quarts, défenseurs redoutables, et un buteur - Roger Brèthes- capable
de marquer des points sans trop s’approcher de la ligne adverse, le SASS va
batailler ferme pendant une dizaine d’années pour se maintenir dans l’élite.
Beaucoup de clubs prestigieux repartiront défaits du stade des bords de
l’Adour. Cette première année de nationale va être particulièrement difficile
pour les Noirs et Blancs ; lors d’un match pour le maintien, contre Tulle,
Roger Brèthes va convertir en but deux pénalités des 58 mètres, en coin,
un véritable exploit réalisé devant Marcel Laurent, l’un des sélectionneurs du
XV de France, présent dans les tribunes. Mais le 11 novembre de cette année
1958, alors qu’il devait être convoqué pour le match de sélection France A -
France B se déroulant à Dax, René Crabos, le Saint-Séverin, alors président de
la FFR, lui enjoint d’aller jouer, avec le SASS, un match de championnat en
retard, à Chambéry. Malheur ! Roger Brèthes subit une double fracture de
la jambe, en Savoie et … Goar, l’arrière du PUC, qui avait été appelé pour le
remplacer dans la cité thermale, est lui aussi victime d’une double fracture de
la jambe !
Par la suite, il va continuer à s’illustrer avec son club, enquillant1 toujours plus pour éviter la descente
et il connaîtra même une certaine embellie, en 1964, lors de l’unique
qualification de son histoire pour le SASS, en seizième de finale, perdu (6-17)
contre l’AS Béziers qui devait aller jusqu’au bout de la compétition.
En 1968, bien qu’il ne soit âgé
que de 32 ans, Roger Brèthes remise les crampons pour se consacrer pleinement à
son travail.
· Stade qui l’a le plus impressionné:
Celui
de Bordeaux.
· Public qui l’a le plus impressionné:
Sans conteste celui du stade
de Musard à Bègles, si proche du terrain, à l’époque…
Michel
Vannier.
· Les joueurs qui l’ont le plus
impressionné :
André
Boniface et Pierre Albaladejo.
· Son meilleur souvenir :
La
montée en Nationale avec son « petit » club de Saint-Sever.
· Son plus grand regret :
C’est
de ne pas avoir participé au match opposant, à Colombes, les minimes du SASS1 à ceux du Stade Montois, en lever de
rideau du match du Tournoi des V Nations, France-Angleterre, le 7 avril 1952.
1 Coq landais n° 473.
2 À l’époque, les buteurs posaient le ballon,
le grand axe en direction des poteaux et après une course d’élan rectiligne,
ils frappaient la pointe du ballon avec la pointe du pied ; aussi, leurs
chaussures avaient souvent le bout carré.
1 Le plus haut niveau.
2 Un pilier légendaire du XV de France.
3 Un certain Albert Ferrasse.
1 Marquer des points au pied.
1 À cette date, Roger Brèthes était trop vieux
de quelques mois.
Photo du départ de la sélection pour l'Argentine en 1960 : Roger Brethes est en haut à gauche au 3e rang. On reconnait le président René Crabos et Michel Crauste |
Roger le 16 février 2014 lors de l'inauguration de la tribune éponyme |
Benoît et Roger |
VIDEO de l'inauguration de la tribune cliquer sur
VOIR
Les signatures des internationaux de la tournée en Argentine en 1960 voir photo ci-dessus